La thérapie par la Smirnoff

Plus jeune, j'avais des principes. 'L'alcool, c'est mal' en était un. J'ai vécu une adolescence sans alcool, et je m'en portais très bien.
Puis vient la vie étudiante, les bars, les apéros entre potes, les soirées... J'étais devenu plus tolérant dans mes jugements et je me suis vite habitué à ces nouveaux breuvages. Et même si en soirée je suis plutôt sociable (en gros pas besoin d'alcool pour dire des conneries), j'avoue que l'alcool fut une révélation (le mot est fort mais à l'époque c'était le cas). Ne vous y méprenez pas, je ne veux pas dire que l'alcool et moi c'est une grande histoire d'amour et je ne veux en aucun cas faire l'apologie de la boisson. Je veux juste dire que je me suis vite rendu compte que l'alcool était un désinhibiteur de timidité, et je ne pense pas être le seul à avoir fait cette découverte. Notamment pour la timidité envers les demoiselles. Au départ, quelques verres suffisaient à me rendre joyeux, et me permettaient de me lâcher un peu plus, de ne pas réfléchir autant qu'en temps normal et même à parler à de jolies inconnues croisées lors d'une soirée. Je leur racontais n'importe quoi, mais au moins je n'étais pas là à me demander ce qu'elles pensaient de moi. L’ivresse est une sensation agréable mais tellement traître : les lendemains sont difficiles.

J'avais compris pourquoi autant de mecs aimaient l'alcool. Je n'en étais pas fier, mais c'était le seul moyen que j'avais trouvé pour passer outre ma timidité. Et ça marchait. Sans être forcément bourré, j'arrivais à me lâcher plus que d'habitude et même à draguer sans honte, chose que je n'arrive pas à faire en étant sobre.
Bien sûr, je n'abusais pas de l'alcool. J'en buvais avec une certaine modération lors de grosses soirées uniquement (comprenez : celles où il y'avait de jolies inconnues). Mis à part un ou deux petits accidents, je n'ai jamais été vraiment bourré, du style à dégueuler partout, tout simplement parce que je n'en voyais pas l'intérêt. Le seul 'intérêt' que j'avais trouvé dans ces breuvages, c'était cette vertu, si on peut appeler cela ainsi. Et pour un timide comme moi, mettre sa timidité de coté quelques heures, cela fait vraiment du bien. C'est triste à dire en fait. Etre obligé de boire pour profiter d'une soirée. J'en ai honte. Lorsque mes potes me traînaient en soirée dansante (boite ou autre), je sais que sans alcool je restais dans mon coin à m'ennuyer parce que je n'osais pas aller danser.

Maintenant, avec le recul et les années, l'alcool ne me fait plus autant d'effet. Il m'est arrivé d'avoir l'alcool dépressif même. Lorsque je bois un peu lors d'une soirée, desormais cela ne change rien, je me pose toujours autant de questions et la timidité reste. Avec la maturité, je me suis également rendu compte qu'un mec bourré est un gros lourd pour les filles qu'il drague. Et je ne veux pas devenir comme ça. Je veux rester naturel... même si ça ne porte pas ses fruits.

Alors je bois toujours modérément, car je prends plaisir à boire un bon apéro avec des amis, et non plus parce que je veux me lâcher en soirée et draguer à tout va. Par contre il m’arrive encore de boire un petit peu pour me donner du courage, pour me jeter à l’eau par exemple… Cela me fait penser qu’il faudra que je vous raconte la dernière fois où je me suis jeté à l’eau, mais c'est une longue histoire…

Il n'existe toujours pas de remède miracle contre la timidité, et c'est bien dommage.